11/09/2011

ISR: Microsatellites vs. drones

Les agences de renseignement américaines et le Pentagone ont entamé une campagne intensive de lancement de petits satellites, dédiés principalement au renseignement et à la reconnaissance. Ces nouveaux satellites viennent concurrencer les drones d'observation et d'autres plateformes aéroportées sur le segment du renseignement tactique.

Contraintes satellitaires

Les satellites de petite taille font l'objet d'une attention nouvelle de la part de la défense américaine et de la communauté renseignement, plus particulièrement de la part du SOCOM, de la CIA et du NRO. L'engagement militaire des États-Unis en Irak et en Afghanistan, ainsi que la lutte contre le terrorisme ont relancé les campagnes de lancements de satellites de reconnaissance, la plupart dans le secret.

Dans le domaine de l'imagerie satellitaire, la doctrine en matière de lancement fut longtemps basée sur la mise en orbite d'une petite constellation de satellites de grande taille, permettant l'emport de capteurs sophistiqués de dernière génération, nécessitant peu de miniaturisation. Cette approche permet de placer en orbite des capteurs très performants afin de couvrir une zone d'intérêt à l'échelle régionale. Ces lancements représentent toutefois des couts considérables, les vecteurs nécessaires à l'emport de charges lourdes se révélant particulièrement onéreux.

Satellite KH-12

Une telle approche basée sur un petit nombre de satellites puissants présente également le désavantage de couvrir des champs d'observation limités et de ne pas autoriser une permanence au-dessus de la zone d'intérêt, deux contraintes liées aux orbites basses auxquelles les satellites d'observation opèrent généralement. Ces contraintes donnent lieu à des vides opérationnels, temporels ou spatiaux, au sein desquels le renseignement est "aveugle". Afin de combler ces vides, plusieurs options s'offrent aux agences de renseignement: l'achat d'imagerie commerciale, le leasing d'un satellite d'observation commercial, une requête d'imagerie à un pays allié ou le recours à d'autres capteurs d'imagerie aérienne.

Pour exemple, les États-Unis - très bien dotés en satellites d'observation - auraient récemment requis un appui français afin d'obtenir de l'imagerie satellitaire d'une zone d'intérêt située en Afrique. Ce type de collaboration ne suffit toutefois pas toujours, notamment lorsqu'il s'agit de couvrir des théâtres d'opérations très actifs, où le quasi-temps-réel devient très utile en matière de renseignement tactique. Dans ce cadre, le recours ponctuel à des drones de petite taille ou à des aéronefs de reconnaissance peut faire toute la différence lors de la planification d'opérations ou de l'appui d'opérations en cours. Des hélicoptères de reconnaissance, comme le Kiowa Warrior américain ou des chasseurs équipés de pods ISR, tels que le RAPTOR britannique ou le RECO-NG français, procurent un soutien bienvenu en matière de renseignement tactique.

Combler un vide capacitaire

Des opérations longues et des tâches spécifiques, telles que la surveillance des mouvements ennemis ou d'activités terroristes, poussent toutefois ces appareils dans leurs retranchements en terme d'autonomie et de persistance. Entre le satellite d'observation stratégique et le pod de reconnaissance tactique, il existe donc un vide auquel tentent de répondre plusieurs systèmes plus ou moins spécifiques. On peut en particulier citer un certain nombre de plateformes déjà anciennes, utilisées abondamment en raison de leur rusticité, telles que le P-3 Orion et l'avion-espion U-2, dont la mise à la retraite fut souvent annoncée mais jamais appliquée.

U-2 (2010)
Avion de reconnaissance à très haute altitude, l'U2 allie des qualités de furtivité et d'autonomie à une certain rusticité, ce qui lui vaut une si longue carrière, ainsi que les multiples améliorations dont il est l'objet. Les dernières versions de l'U2 emportent notamment le système optronique à haute résolution SYERS, des capteurs optroniques panoramiques et un radar d'imagerie tout-temps ASARS-2. Certaines versions de l'appareil sont dédiées au renseignement électronique (ELINT/SIGINT), d'autres encore peuvent être ravitaillées en vol. Si l'U-2 demeure couteux, il constitue une plateforme éprouvée et rentable, de par la qualité des produits d'imagerie qu'il peut fournir. Pré-positionné sur plusieurs bases autour du globe, il peut rapidement être déployé pour mener ses missions.

De nouveaux appareils sont développés pour des missions de reconnaissance longue, qu'il s'agisse d'avions civils modifiés pour la reconnaissance ou de drones high-tech conçus spécialement pour cette tâche. Le bimoteur King Air de Beechcraft est devenu en quelques années la plateforme de prédilection pour la reconnaissance aérienne des armées à petits budgets, s'attirant les faveurs de l'USMC, de l'armée de l'air irakienne et de la British Army. Équipés de moyens optroniques, radars ou d'interception des signaux, l'appareil peut évoluer à faible vitesse afin de surveiller un secteur d'opérations ou prendre des clichés à très haute résolution.

Les drones à longue endurance sont conçus pour répondre à l'impératif d'une reconnaissance persistante au-dessus d'un théâtre d'opérations. Ces drones de grande taille sont capables d'emporter des capteurs faiblement miniaturisés, des réserves de carburant, voire de l'armement. Afin d'augmenter leur rentabilité en matière d'imagerie, plusieurs programmes visent à les doter de capteurs optroniques gigapixels capables de couvrir de larges zones d'observations. Dans le domaine des drones de reconnaissance à longue endurance, le Global Hawk constitue le programme phare aux Etats-Unis. Exploité par l'US Air Force et la NASA, il peut emporter des capteurs très similaires à ceux du U-2 et a établi un record d'endurance à 30H d'autonomie en vol.

Une autre option afin de pallier aux carences des satellites de reconnaissance consiste en la mise en orbite d'autres satellites d'appui. La miniaturisation des composants et des capteurs, ainsi qu'un climat politique favorable ont permis à plusieurs programmes de satellites tactiques de progresser au cours des dix dernières années. Le programme TacSat vise à placer en orbite des satellites de reconnaissance de moins de 500kg (mini-satellites), grâce au lanceur Minotaur 1, conçu à partir du missile balistique Minuteman II. Ce programme est issu d'un concept datant de la guerre froide, le "lancement à la demande", visant à fournir une couverture satellite le plus rapidement possible au-dessus d'un "point chaud" ou d'un théâtre d'opérations. En juin dernier, le lanceur Minotaur 1 a placé en orbite basse le satellite tactique ORS-1, équipé d'un capteur optronique SYERS très proche de celui emporté par les avions U-2.

Satellite ORS-1
D'autres catégories de satellites tactiques se développent, sous la forme de micro-satellites (10-100kg) et nano-satellites (1-10kg). Tous ne sont pas dédiés à l'imagerie, mais servent également à la surveillance électronique et de relais de communications pour des opérations de renseignement ou de combat. Leur faible encombrement et leur poids limité leur permet d'exploiter les derniers kilogrammes de charge utile d'un lanceur commercial. Cette caractéristique permet notamment une certaine furtivité lors de la mise en orbite, leur présence n'étant pas toujours signalé sur le manifeste de l'opérateur de lancement. Ainsi, c'est lors d'une déclaration d'un responsable du SOCOM que fut annoncé discrètement le lancement de quatre mini-satellites militaires à bord d'une fusée de l'opérateur commercial Space-X, qui ne le mentionnait pas officiellement.

Les capacités de reconnaissance satellitaire américaines ont connu un véritable boost au cours des derniers mois, comme l'a reconnu la sous-directrice du NRO en début d'année. Avec une moyenne d'un satellite lancé chaque mois, elle qualifie la campagne de lancements en cours comme la plus soutenue des 25 dernières années. Il faut toutefois noter que ces chiffres sont non-classifiés et ne révèlent probablement pas toute l'ampleur du programme.

D'autres déclarations de responsables du Pentagone et de l'US Air Force laissent à penser que les lancements de petits satellites tactiques pourraient se multiplier. Le général Shelton, commandant de l'USAF Space Command s'est récemment déclaré pour la mise en place de capacités satellitaires redondantes et déconcentrées, afin d'atteindre une forme de résilience passive. Selon toute vraisemblance, il ne s'agit pas de multiplier les lancements de satellites de grande taille.

Des choix d'investissement complexes

Si ces différentes plateformes attirent l'attention du renseignement, elles n'ont pas pour autant toutes atteint une réelle maturité technologique. Face à cette diversité de solutions, les investissements budgétaires ont été particulièrement variables d'un projet à un autre depuis le milieu des années 90.

Les micro-satellites et nano-satellites, grâce à des composants acquis sur étagère, peuvent maintenir leur coûts de production au plus bas, bien que plusieurs industriels soient déjà au travail afin de fournir des composants dédiés et donc plus coûteux. De par leur petite taille, ces satellites ne peuvent pas emporter des capteurs puissants, ce qui limite leur intérêt en terme d'imagerie. Il semble difficile de les doter rapidement de capteurs à résolution submétrique. Leur intérêt réside donc principalement dans le monitoring de fréquences précises et dans les transmissions au-dessus d'une zone assez restreinte. Si leur format facilite des lancements furtifs grâce à des lanceurs commerciaux, un recours massif à ces petits satellites pourrait avoir pour conséquence de saturer des orbites tactiques avec de petits capteurs rapidement obsolètes.

Les mini-satellites nécessitent des lanceurs dédiés afin d'être placés en orbite et demeurent donc coûteux à déployer. Leur taille leur permet d'exploiter des capteurs de qualité intermédiaire, ne pouvant toutefois rivaliser avec les très hautes résolutions des plus gros satellites de reconnaissance. Le lancement à la demande, séduisant en théorie, reste un casse-tête budgétaire puisqu'il s'agit de financer le développement de satellites et de lanceurs maintenus en réserve, alors que leurs capteurs et leurs designs risquent l'obsolescence.

Drone Global Hawk
Les drones de reconnaissance souffrent pour leur part de ne pas être des satellites. Leur autonomie est conditionnée par leurs réserves de carburant et ils sont sujets à l'attrition, causée par des tirs ennemis, des pannes mécaniques ou des atterrissages ratés. L'accélération de leur développement ne date que d'une petite décennie et ces appareils ne disposent pas encore de composants éprouvés. Ces drones souffrent notamment d'un déficit technologique en matière de propulsion et requièrent des avancées notables dans le domaine des moteurs à haut rendement énergétique, de la propulsion électrique et du stockage énergétique. Le ravitaillement en vol et l'automatisation des différentes phases de vol font également partie des développements logiciels et matériels nécessaires à une véritable persistance des drones de reconnaissance.

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03/06/2011

Vidéo (CIA) : Un documentaire produit par la CIA rendu public

Ce documentaire intitulé "Extraordinary Fidelity" relate comment, en 1952, une mission de récupération d'agents de la CIA en Mandchourie a conduit à la mort de deux pilotes américains et à vingt années de détention dans les geôles chinoises pour deux officiers de l'Agence. Associated Press a réussi à se procurer ce film en adressant à la CIA une demande FOIA (Freedom of Information Act) qui oblige toute administration à communiquer des documents non-classifiés à un citoyen américain en faisant la demande. Cette démarche requiert toutefois de connaître avec un certain niveau de précision le nom du document recherché, son thème, voire sa date de publication.



La CIA a choisi, une fois la dépêche de l'AP publiée, de diffuser très rapidement l'intégralité de la vidéo sur Youtube, une attitude plutôt rare pour une agence qui communique très peu sur ses activités, y compris les plus anciennes.

La vidéo de 57 minutes qui retrace l'histoire des agents John T. Downey et Richard G. Fecteau, peut être visionnée sur la chaîne Youtube officielle de la CIA.

31/05/2011

Un discret accord franco-américain dans le domaine spatial

La France et les États-Unis ont signé un accord de coopération en matière de surveillance spatiale, dont le contenu peu explicite pourrait receler une teneur stratégique.


En février dernier, Alain Juppé, alors ministre de la Défense, a été reçu à Washington par Robert Gates pour signer un accord de coopération dans le domaine de la surveillance spatiale (space situational awareness). Cette signature qui s'est tenue au Pentagone, après une cérémonie d'accueil officielle, a reçu très peu de publicité et n'a fait l'objet que de très peu d'explications de la part des deux parties. Le contenu de l'accord n'a pas été rendu public et il est à noter que les communiqués de presse officiels français et américains ne concordent pas totalement.

Le communiqué américain cite le secrétaire à la Défense Robert Gates, qui a insisté sur l'importance de la surveillance spatiale, pointant la multiplication des objets placés en orbite, faisant référence aux satellites et aux missions spatiales habitées. Robert Gates a ajouté que cet accord permettra d'éviter des situations malencontreuses en favorisant la coopération et le partage d'informations. Le communiqué français rapporte pour sa part la signature d'un accord pour la surveillance des débris spatiaux, sans faire référence à la surveillance d'autres objets, notamment de satellites ou de véhicules spatiaux. Cette communication laconique ne détaille donc pas la nature de ce qui a été négocié par chacune des parties, ni les moyens techniques se rapportant à cette surveillance. Il est toutefois probable que cet accord soit lié à la capacité de surveillance spatiale développée par la France dans le cadre du programme GRAVES.

Le radar GRAVES (Grand Réseau Adapté à la VEille Spatiale), est un radar à balayage électronique VHF (détection Doppler), capable de détecter des objets évoluant en orbite basse (LEO), tels que des satellites de reconnaissance ou de communication. Opérationnel depuis 2004, son rayon de détection couvre officiellement le territoire français, mais pourrait s'étendre au-delà (Europe de l'Ouest). La station d'émission du radar est située sur la base de Broyes-les-Pesmes et la station de réception radar est située à Revest-du-Bion. Les serveurs de calcul orbitographique sont pour leur part hébergés sur le site de Balard (CDAOA). Les détections du radar GRAVES peuvent être affinées et précisées par d'autres capteurs, tels que de puissants télescopes ou d'autres radars spécifiques. Plusieurs groupes de radioamateurs ont déterminé que le radar GRAVES émet sur la fréquence 143.050Mhz et enregistrent ponctuellement les échos renvoyés par des objets de grande taille.

Ce radar permet de repérer des satellites orbitant dans sa zone de détection, y compris des satellites de petite taille et de déterminer avec précision leur orbite, mais également de détecter toute manœuvre d'un objet (changement d'orbite), ou sa disparition. De telles informations sont d'intérêt stratégique, en particulier du fait qu'un tel radar peut détecter des satellites militaires dont les mise en orbites sont censées rester secrètes. Les puissances spatiales telles que les États-Unis, la Russie et la Chine procèdent à de tels lancements "secrets". Les Américains ont à plusieurs reprises révélé les caractéristiques et les orbites de satellites militaires étrangers, par l'intermédiaire de la NASA.

Grâce au système GRAVES, la France est en mesure de révéler des détails sur des satellites stratégiques américains et possède ainsi un moyen de pression vis-à-vis des États-Unis pour protéger ses propres intérêts dans le domaine spatial. La France est également en mesure de repérer avec précision les activités satellitaires de puissances étrangères et d'opérateurs commerciaux, autant d'informations susceptibles d'intéresser son allié américain.

Sources: DoD, MinDef

07/03/2011

Le rapport public de la délégation parlementaire au renseignement

Le rapport annuel relatif à l'activité de la délégation parlementaire au renseignement pour l'année 2010 a été publié sur le site de l'Assemblée Nationale.

Le contenu de ce rapport, censé informer le public des activités de la délégation parlementaire au renseignement, se révèle pour le moins succinct. Composé de 11 pages, ce rapport contient une page de garde, une page de sommaire, une page d'introduction, trois pages rappelant les statuts réglementaires de la délégation (composition et mission) et quatre pages vierges...

Une seule et unique page est donc consacrée à l'activité de la commission pour l'année 2010. La délégation a tenu 14 réunions, dont un entretien avec le Président de la République. Elle a participé à une rencontre avec des homologues allemands et à une conférence qui rassemblait les commissions de contrôle des services de renseignement de l'UE. La délégation parlementaire a procédé à onze auditions au cours de l'année, recevant principalement des responsables des services de renseignement. Les membres de la délégation ont également eu un contact avec la première promotion de l'Académie du renseignement et avec sa directrice, Lucile Dromer-North.

La délégation parlementaire semble elle-même reconnaître le peu de contenu du rapport dans son introduction, rappelant que l'ensemble de ses travaux est couvert par le secret de la défense nationale.

Source: Assemblée Nationale
À lire sur ce sujet: Le Point 21/02

22/02/2011

Quand les services s'équipent

À l'image du budget du renseignement, les investissements des différents services font l'objet de très peu de publication. Une étude consciencieuse des contrats de la fonction publique permet toutefois de révéler quelques acquisitions récentes des services de renseignement.

DPSD (Direction de la Protection et de la Sécurité de la Défense)

Le service de contre-espionnage qui subit en ce moment une baisse d'effectifs, renforce ses moyens de surveillance en investissant dans de nouveaux moyens techniques et une meilleures formation de ses personnels.

Après avoir acquis en 2009 des moyens de transmissions satellitaires, notamment sous la forme de valises COMSAT, la DPSD cherche à se doter d'un véritable soum' à l'instar des services de renseignement intérieur et des forces de police. Doté de transmissions satellitaires et HF cryptées, d'un espace de travail informatisé et d'une zone de vie avec deux lits, un four micro-ondes et un WC chimique, les capacités d'autonomie de ce véhicule le destinent à des missions de surveillance.

La DPSD va lancer cette année deux programmes de formation pour ses agents, le premier en matière de langue étrangère (l'anglais), le second, plus opérationnel, est une formation à la filature en voiture et à moto.

Le service tient également à protéger ses données et ses systèmes informatiques, comme le montrent une commande de clés USB cryptées à protection biométrique et l'acquisition de matériels informatiques répondant aux normes TEMPEST.

Renseignement d'origine électromagnétique (44e RT, 54e RT, 785e CGE)

Un contrat lancé le mois dernier détaille très précisément les moyens d'interception commandés au profit de la DRM (Direction du Renseignement Militaire) et en particulier des 54e et 44e Régiment de Transmissions. La première partie de ce contrat concerne des systèmes d'interception de communications, adaptés à des protocoles exploités sur de grands réseaux d'entreprise et courant dans les communications satellite. Ces systèmes permettent notamment l'enregistrement automatisé de communications voix et de leurs métadonnées. La seconde partie du contrat se rapporte à des systèmes d'interception des communications VoIP et de téléphonie mobile, ainsi que l'enregistrement des métadonnées.

Un autre contrat, plus ancien, donne quelques informations sur les moyens de traitement et d'analyse du renseignement militaire. La DRM s'est dotée d'une intéressante collection d'outils logiciels, permettant une gestion dynamique des informations recueillies. Construction automatique de résumés, navigation intelligente, moteur de recherche puissant, indexation automatisée, visualisation ou encore analyse statistique, ce sont principalement des logiciels de conception française qui ont été choisis.

DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure)

Les contrats destinés à la DGSE ne sont pas libellés comme tels, mais plusieurs éléments tels que les adresses livraisons permettent de les identifier.

• Locaux de Seine Saint-Denis (93)

Ces locaux non-officiels de la DGSE auraient accueilli pendant plusieurs années des entraînements du Service Action. Si un projet d'agrandissement de cette base a été abandonné dans les années 90, un contrat signé fin 2010 devrait permettre une extension notable. Cinq nouveau bâtiments, totalisant plus de 1600m², viendront s'ajouter à la base. L'un d'eux accueillera un stand de tir flambant neuf. La base a également acquis des moyens de protections supplémentaires, sous la forme de matériels anti-intrusion électroniques et de portes blindées à très haut niveau de sécurité.

Dans les contrats de cette base, on retrouve également du matériel typique des unités de renseignement et des forces spéciales. Afin d'assurer la détection de système d'écoute et d'interception (dépoussiérage), un important contrat a été lancé pour l'achat de détecteurs portatifs sophistiqués. Du matériel d'effraction haut de gamme a également été commandé, permettant le dégondage en silence de portes blindées, à l'instar du matériel employé par le RAID et le GIGN.

19/01/2011

Vidéo (PBS) : Amrullah Saleh, ancien directeur du renseignement afghan (NDS)

PBS a diffusé un court entretien avec Amrullah Saleh, ancien directeur du NDS (National Directorate of Security), le service de renseignement intérieur d'Afghanistan. Sa démission fut annoncée en juin 2010 alors que le président Karzaï relançait un processus de négociations avec les talibans. Amrullah Saleh a pris part aux opérations initiales de la CIA sur le territoire afghan en 2001 et s'oppose farouchement à tout accord favorable aux talibans, ainsi qu'au retrait des forces de la coalition.

À visionner sur le site de PBS.

18/11/2010

Un œil sur le futur budget du renseignement français

Quelques notes sur le projet de budget 2011 pour la fonction renseignement, issues de récents documents parlementaires.

Les services (DGSE, DRM, DPSD)

• La DGSE connaîtra une augmentation globale de son budget (+ 12,3%) portant son budget à 543 millions d'euros en autorisation d'engagements. La part des crédits allouée à l'investissement subira une baisse de 23,4 millions d'euros, principalement liée à la refonte des contrats de maintien en condition opérationnelle (MCO).

Des fonds spéciaux viennent s'ajouter à ce budget initial dans le cadre du programme 129. Le montant exact des fonds spéciaux attribués à la DGSE en 2011 n'a pas été détaillé, toutefois, il est à noter que l'ensemble des fonds spéciaux connaîtra une augmentation de 18% (28,3 millions d'euros), atteignant environ 80 millions d'euros. Cette augmentation bénéficiera principalement à l'ANSSI (Agence Nationale de Sécurité des Systèmes d'Information). En 2009, la DGSE avait bénéficié de 80% de la dotation totale des fonds spéciaux.

• En 2010, la DGSE a connu des difficultés dans le paiement de ses indemnités de résidence à l'étranger, versées à ses personnels en mission hors du territoire national. Ces difficultés peuvent trouver une explication dans la multiplication des déploiements liés aux prises d'otages de citoyens français. Au cours des dernières années, ce service a également rencontré des problèmes pour financer ses dépenses de personnel, ayant un recours ponctuel à l'endettement. Du fait de la hausse de son budget, ces difficultés devraient s'amoindrir et faciliter le recrutement, le service gagnant 143 postes en 2011.

• Le budget alloué à la DPSD (Direction de la Protection et de la Sécurité de la Défense), baissera en 2011 de -3,6%, pour un budget global de 93,1 millions d'euros, budget dont plus de 87% sont alloués aux rémunérations et charges sociales. Ce service connaitra une baisse de ses effectifs par la suppression d'une quarantaine de poste, dans le cadre d'une réduction de personnel qui s'étendra jusqu'en 2014.

• Au sein de la DGSE, comme de la DPSD, la priorité en matière de recrutement est portée sur les cadres de haut niveau et les experts techniques. Cette décision est cohérente avec la direction prise dans les investissements qui se portent vers l'amélioration des moyens techniques de collecte et de traitement de l'information. Cette politique de recrutement semble faire moins de place aux analystes-exploitants, longtemps considérés comme le cœur de métier des services français.

• Le budget consacré à la DRM (Direction du Renseignement Militaire) s'élèvera à 156,4 millions d'euros pour l'année 2011, sans marquer d'évolution sensible avec le budget de l'année précédente. Ses effectifs demeureront assez stables, malgré une vingtaine de transferts vers d'autres services.

Les drones et capteurs aéroportés

• Concernant les drones tactiques, 53 drones CL 289 seront retirés du service, quelques dizaines de drones israéliens Skylark sont toujours en service (COS), les armées disposant également de plus d'une centaine de systèmes DRAC et d'une vingtaine de drones SDTI.

• L'armée de l'air déploie un seul système de drone MALE (Moyenne Altitude, Longue Endurance), le SIDM (Harfang). Elle dispose actuellement d'un seul système complet et de trois drones, dont un exemplaire endommagé. Elle devrait prochainement recevoir une station sol supplémentaire, ainsi qu'un vecteur neuf.

• Dès 2013, la France subira une pénurie de drones MALE et sera amenée à choisir de nouveaux systèmes. Deux solutions sont à l'étude, la première consistant à adopter le Predator américain, la seconde, à se doter d'autres drones Harfang en attendant un drone européen arrivé à maturité technique, le Talarion (EADS) ou le Mantis (Dassault-BAE). Il est à noter que la France a renoncé à se doter de drones HALE (Haute Altitude, Longue Endurance), tels que le Global Hawk américain ou le Eurohawk allemand.

• En 2011, l'armée de l'air va conclure le programme de rénovation de ses deux C-160 G (Transall Gabriel), dédiés au renseignement d'origine électromagnétique (ROEM). Ces appareils disposent de systèmes embarqués complets permettant la collecte, le traitement et l'analyse des signaux. En service depuis 1989, l'obsolescence de de ces deux appareils a été soulignée à plusieurs reprises.

• Les Rafale de la Marine et de l'Armée de l'Air recevront en 2011 six nouveaux exemplaires du pod de reconnaissance Reco-NG, après n'avoir reçu que quatre des six pods prévus en 2010.

• Le report de la rénovation des Mirage 2000D au-delà de l'année 2013 a suscité des inquiétudes concernant le maintien de certaines capacités ELINT. En effet, le retrait du service du Mirage F1CR en 2014, capable d'emporter le pod ASTAC (Analyseur de Signaux TACtiques), ferait perdre à la DRM le bénéfice des données collectées par ce système. Un amendement a donc été adopté afin de procéder à la rénovation d'un nombre minimum de Mirage 2000D afin de maintenir cette fonction de reconnaissance électronique.

Les moyens satellitaires

• Le programme européen de satellites d'observation MUSIS se poursuit, avec notamment une amélioration des capacités infrarouges et de la résolution des capteurs optiques. Cette nouvelle génération de satellite permettra de remplacer les satellites Hélios II, dont l'activité prendra fin en 2015-2016.

• En matière d'interception des communications (COMINT), la constellation de satellites Essaim verra la fin de son exploitation en 2010, avec la désorbitation des quatre satellites expérimentaux. Fin 2010, quatre microsatellites Elisa seront placés en orbite basse, pour des missions de détection de signaux radars. Ces deux programmes forment le préalable au futur système CERES (Capacité de Renseignement Électromagnétique Spatial), système d'interception ELINT/COMINT dont la mise en service prévue pour 2016 pourrait être reportée jusqu'en 2020.

• Les deux microsatellites du programme d'alerte spatiale Spirale devraient poursuivre leur mission.

Le renseignement intérieur et l'intelligence économique

• Les crédits accordés à la DCRI (Direction Centrale du Renseignement Intérieur) pour l'année 2011 n'ont pas été détaillés et sont intégrés dans le budget global de la police nationale, qui connaitra une croissance d'environ 12%. En 2008, la DCRI était dotée d'un budget de fonctionnement d'environ 41 millions d'euros. La DCRI reçoit également des fonds spéciaux, qui s'élevaient en 2009 à 600 000 euros. Le service devrait bénéficier de l'effort de modernisation technologique entrepris dans le cadre de la LOPPSI.

• L'annexe au rapport sur le projet de loi de finances 2011 concernant la défense, souligne l'importance de l'intelligence économique, mais n'y consacre qu'un très court paragraphe, sans annoncer de mesure particulière concernant ce domaine.