03/06/2011

Vidéo (CIA) : Un documentaire produit par la CIA rendu public

Ce documentaire intitulé "Extraordinary Fidelity" relate comment, en 1952, une mission de récupération d'agents de la CIA en Mandchourie a conduit à la mort de deux pilotes américains et à vingt années de détention dans les geôles chinoises pour deux officiers de l'Agence. Associated Press a réussi à se procurer ce film en adressant à la CIA une demande FOIA (Freedom of Information Act) qui oblige toute administration à communiquer des documents non-classifiés à un citoyen américain en faisant la demande. Cette démarche requiert toutefois de connaître avec un certain niveau de précision le nom du document recherché, son thème, voire sa date de publication.



La CIA a choisi, une fois la dépêche de l'AP publiée, de diffuser très rapidement l'intégralité de la vidéo sur Youtube, une attitude plutôt rare pour une agence qui communique très peu sur ses activités, y compris les plus anciennes.

La vidéo de 57 minutes qui retrace l'histoire des agents John T. Downey et Richard G. Fecteau, peut être visionnée sur la chaîne Youtube officielle de la CIA.

31/05/2011

Un discret accord franco-américain dans le domaine spatial

La France et les États-Unis ont signé un accord de coopération en matière de surveillance spatiale, dont le contenu peu explicite pourrait receler une teneur stratégique.


En février dernier, Alain Juppé, alors ministre de la Défense, a été reçu à Washington par Robert Gates pour signer un accord de coopération dans le domaine de la surveillance spatiale (space situational awareness). Cette signature qui s'est tenue au Pentagone, après une cérémonie d'accueil officielle, a reçu très peu de publicité et n'a fait l'objet que de très peu d'explications de la part des deux parties. Le contenu de l'accord n'a pas été rendu public et il est à noter que les communiqués de presse officiels français et américains ne concordent pas totalement.

Le communiqué américain cite le secrétaire à la Défense Robert Gates, qui a insisté sur l'importance de la surveillance spatiale, pointant la multiplication des objets placés en orbite, faisant référence aux satellites et aux missions spatiales habitées. Robert Gates a ajouté que cet accord permettra d'éviter des situations malencontreuses en favorisant la coopération et le partage d'informations. Le communiqué français rapporte pour sa part la signature d'un accord pour la surveillance des débris spatiaux, sans faire référence à la surveillance d'autres objets, notamment de satellites ou de véhicules spatiaux. Cette communication laconique ne détaille donc pas la nature de ce qui a été négocié par chacune des parties, ni les moyens techniques se rapportant à cette surveillance. Il est toutefois probable que cet accord soit lié à la capacité de surveillance spatiale développée par la France dans le cadre du programme GRAVES.

Le radar GRAVES (Grand Réseau Adapté à la VEille Spatiale), est un radar à balayage électronique VHF (détection Doppler), capable de détecter des objets évoluant en orbite basse (LEO), tels que des satellites de reconnaissance ou de communication. Opérationnel depuis 2004, son rayon de détection couvre officiellement le territoire français, mais pourrait s'étendre au-delà (Europe de l'Ouest). La station d'émission du radar est située sur la base de Broyes-les-Pesmes et la station de réception radar est située à Revest-du-Bion. Les serveurs de calcul orbitographique sont pour leur part hébergés sur le site de Balard (CDAOA). Les détections du radar GRAVES peuvent être affinées et précisées par d'autres capteurs, tels que de puissants télescopes ou d'autres radars spécifiques. Plusieurs groupes de radioamateurs ont déterminé que le radar GRAVES émet sur la fréquence 143.050Mhz et enregistrent ponctuellement les échos renvoyés par des objets de grande taille.

Ce radar permet de repérer des satellites orbitant dans sa zone de détection, y compris des satellites de petite taille et de déterminer avec précision leur orbite, mais également de détecter toute manœuvre d'un objet (changement d'orbite), ou sa disparition. De telles informations sont d'intérêt stratégique, en particulier du fait qu'un tel radar peut détecter des satellites militaires dont les mise en orbites sont censées rester secrètes. Les puissances spatiales telles que les États-Unis, la Russie et la Chine procèdent à de tels lancements "secrets". Les Américains ont à plusieurs reprises révélé les caractéristiques et les orbites de satellites militaires étrangers, par l'intermédiaire de la NASA.

Grâce au système GRAVES, la France est en mesure de révéler des détails sur des satellites stratégiques américains et possède ainsi un moyen de pression vis-à-vis des États-Unis pour protéger ses propres intérêts dans le domaine spatial. La France est également en mesure de repérer avec précision les activités satellitaires de puissances étrangères et d'opérateurs commerciaux, autant d'informations susceptibles d'intéresser son allié américain.

Sources: DoD, MinDef

07/03/2011

Le rapport public de la délégation parlementaire au renseignement

Le rapport annuel relatif à l'activité de la délégation parlementaire au renseignement pour l'année 2010 a été publié sur le site de l'Assemblée Nationale.

Le contenu de ce rapport, censé informer le public des activités de la délégation parlementaire au renseignement, se révèle pour le moins succinct. Composé de 11 pages, ce rapport contient une page de garde, une page de sommaire, une page d'introduction, trois pages rappelant les statuts réglementaires de la délégation (composition et mission) et quatre pages vierges...

Une seule et unique page est donc consacrée à l'activité de la commission pour l'année 2010. La délégation a tenu 14 réunions, dont un entretien avec le Président de la République. Elle a participé à une rencontre avec des homologues allemands et à une conférence qui rassemblait les commissions de contrôle des services de renseignement de l'UE. La délégation parlementaire a procédé à onze auditions au cours de l'année, recevant principalement des responsables des services de renseignement. Les membres de la délégation ont également eu un contact avec la première promotion de l'Académie du renseignement et avec sa directrice, Lucile Dromer-North.

La délégation parlementaire semble elle-même reconnaître le peu de contenu du rapport dans son introduction, rappelant que l'ensemble de ses travaux est couvert par le secret de la défense nationale.

Source: Assemblée Nationale
À lire sur ce sujet: Le Point 21/02

22/02/2011

Quand les services s'équipent

À l'image du budget du renseignement, les investissements des différents services font l'objet de très peu de publication. Une étude consciencieuse des contrats de la fonction publique permet toutefois de révéler quelques acquisitions récentes des services de renseignement.

DPSD (Direction de la Protection et de la Sécurité de la Défense)

Le service de contre-espionnage qui subit en ce moment une baisse d'effectifs, renforce ses moyens de surveillance en investissant dans de nouveaux moyens techniques et une meilleures formation de ses personnels.

Après avoir acquis en 2009 des moyens de transmissions satellitaires, notamment sous la forme de valises COMSAT, la DPSD cherche à se doter d'un véritable soum' à l'instar des services de renseignement intérieur et des forces de police. Doté de transmissions satellitaires et HF cryptées, d'un espace de travail informatisé et d'une zone de vie avec deux lits, un four micro-ondes et un WC chimique, les capacités d'autonomie de ce véhicule le destinent à des missions de surveillance.

La DPSD va lancer cette année deux programmes de formation pour ses agents, le premier en matière de langue étrangère (l'anglais), le second, plus opérationnel, est une formation à la filature en voiture et à moto.

Le service tient également à protéger ses données et ses systèmes informatiques, comme le montrent une commande de clés USB cryptées à protection biométrique et l'acquisition de matériels informatiques répondant aux normes TEMPEST.

Renseignement d'origine électromagnétique (44e RT, 54e RT, 785e CGE)

Un contrat lancé le mois dernier détaille très précisément les moyens d'interception commandés au profit de la DRM (Direction du Renseignement Militaire) et en particulier des 54e et 44e Régiment de Transmissions. La première partie de ce contrat concerne des systèmes d'interception de communications, adaptés à des protocoles exploités sur de grands réseaux d'entreprise et courant dans les communications satellite. Ces systèmes permettent notamment l'enregistrement automatisé de communications voix et de leurs métadonnées. La seconde partie du contrat se rapporte à des systèmes d'interception des communications VoIP et de téléphonie mobile, ainsi que l'enregistrement des métadonnées.

Un autre contrat, plus ancien, donne quelques informations sur les moyens de traitement et d'analyse du renseignement militaire. La DRM s'est dotée d'une intéressante collection d'outils logiciels, permettant une gestion dynamique des informations recueillies. Construction automatique de résumés, navigation intelligente, moteur de recherche puissant, indexation automatisée, visualisation ou encore analyse statistique, ce sont principalement des logiciels de conception française qui ont été choisis.

DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure)

Les contrats destinés à la DGSE ne sont pas libellés comme tels, mais plusieurs éléments tels que les adresses livraisons permettent de les identifier.

• Locaux de Seine Saint-Denis (93)

Ces locaux non-officiels de la DGSE auraient accueilli pendant plusieurs années des entraînements du Service Action. Si un projet d'agrandissement de cette base a été abandonné dans les années 90, un contrat signé fin 2010 devrait permettre une extension notable. Cinq nouveau bâtiments, totalisant plus de 1600m², viendront s'ajouter à la base. L'un d'eux accueillera un stand de tir flambant neuf. La base a également acquis des moyens de protections supplémentaires, sous la forme de matériels anti-intrusion électroniques et de portes blindées à très haut niveau de sécurité.

Dans les contrats de cette base, on retrouve également du matériel typique des unités de renseignement et des forces spéciales. Afin d'assurer la détection de système d'écoute et d'interception (dépoussiérage), un important contrat a été lancé pour l'achat de détecteurs portatifs sophistiqués. Du matériel d'effraction haut de gamme a également été commandé, permettant le dégondage en silence de portes blindées, à l'instar du matériel employé par le RAID et le GIGN.

19/01/2011

Vidéo (PBS) : Amrullah Saleh, ancien directeur du renseignement afghan (NDS)

PBS a diffusé un court entretien avec Amrullah Saleh, ancien directeur du NDS (National Directorate of Security), le service de renseignement intérieur d'Afghanistan. Sa démission fut annoncée en juin 2010 alors que le président Karzaï relançait un processus de négociations avec les talibans. Amrullah Saleh a pris part aux opérations initiales de la CIA sur le territoire afghan en 2001 et s'oppose farouchement à tout accord favorable aux talibans, ainsi qu'au retrait des forces de la coalition.

À visionner sur le site de PBS.

18/11/2010

Un œil sur le futur budget du renseignement français

Quelques notes sur le projet de budget 2011 pour la fonction renseignement, issues de récents documents parlementaires.

Les services (DGSE, DRM, DPSD)

• La DGSE connaîtra une augmentation globale de son budget (+ 12,3%) portant son budget à 543 millions d'euros en autorisation d'engagements. La part des crédits allouée à l'investissement subira une baisse de 23,4 millions d'euros, principalement liée à la refonte des contrats de maintien en condition opérationnelle (MCO).

Des fonds spéciaux viennent s'ajouter à ce budget initial dans le cadre du programme 129. Le montant exact des fonds spéciaux attribués à la DGSE en 2011 n'a pas été détaillé, toutefois, il est à noter que l'ensemble des fonds spéciaux connaîtra une augmentation de 18% (28,3 millions d'euros), atteignant environ 80 millions d'euros. Cette augmentation bénéficiera principalement à l'ANSSI (Agence Nationale de Sécurité des Systèmes d'Information). En 2009, la DGSE avait bénéficié de 80% de la dotation totale des fonds spéciaux.

• En 2010, la DGSE a connu des difficultés dans le paiement de ses indemnités de résidence à l'étranger, versées à ses personnels en mission hors du territoire national. Ces difficultés peuvent trouver une explication dans la multiplication des déploiements liés aux prises d'otages de citoyens français. Au cours des dernières années, ce service a également rencontré des problèmes pour financer ses dépenses de personnel, ayant un recours ponctuel à l'endettement. Du fait de la hausse de son budget, ces difficultés devraient s'amoindrir et faciliter le recrutement, le service gagnant 143 postes en 2011.

• Le budget alloué à la DPSD (Direction de la Protection et de la Sécurité de la Défense), baissera en 2011 de -3,6%, pour un budget global de 93,1 millions d'euros, budget dont plus de 87% sont alloués aux rémunérations et charges sociales. Ce service connaitra une baisse de ses effectifs par la suppression d'une quarantaine de poste, dans le cadre d'une réduction de personnel qui s'étendra jusqu'en 2014.

• Au sein de la DGSE, comme de la DPSD, la priorité en matière de recrutement est portée sur les cadres de haut niveau et les experts techniques. Cette décision est cohérente avec la direction prise dans les investissements qui se portent vers l'amélioration des moyens techniques de collecte et de traitement de l'information. Cette politique de recrutement semble faire moins de place aux analystes-exploitants, longtemps considérés comme le cœur de métier des services français.

• Le budget consacré à la DRM (Direction du Renseignement Militaire) s'élèvera à 156,4 millions d'euros pour l'année 2011, sans marquer d'évolution sensible avec le budget de l'année précédente. Ses effectifs demeureront assez stables, malgré une vingtaine de transferts vers d'autres services.

Les drones et capteurs aéroportés

• Concernant les drones tactiques, 53 drones CL 289 seront retirés du service, quelques dizaines de drones israéliens Skylark sont toujours en service (COS), les armées disposant également de plus d'une centaine de systèmes DRAC et d'une vingtaine de drones SDTI.

• L'armée de l'air déploie un seul système de drone MALE (Moyenne Altitude, Longue Endurance), le SIDM (Harfang). Elle dispose actuellement d'un seul système complet et de trois drones, dont un exemplaire endommagé. Elle devrait prochainement recevoir une station sol supplémentaire, ainsi qu'un vecteur neuf.

• Dès 2013, la France subira une pénurie de drones MALE et sera amenée à choisir de nouveaux systèmes. Deux solutions sont à l'étude, la première consistant à adopter le Predator américain, la seconde, à se doter d'autres drones Harfang en attendant un drone européen arrivé à maturité technique, le Talarion (EADS) ou le Mantis (Dassault-BAE). Il est à noter que la France a renoncé à se doter de drones HALE (Haute Altitude, Longue Endurance), tels que le Global Hawk américain ou le Eurohawk allemand.

• En 2011, l'armée de l'air va conclure le programme de rénovation de ses deux C-160 G (Transall Gabriel), dédiés au renseignement d'origine électromagnétique (ROEM). Ces appareils disposent de systèmes embarqués complets permettant la collecte, le traitement et l'analyse des signaux. En service depuis 1989, l'obsolescence de de ces deux appareils a été soulignée à plusieurs reprises.

• Les Rafale de la Marine et de l'Armée de l'Air recevront en 2011 six nouveaux exemplaires du pod de reconnaissance Reco-NG, après n'avoir reçu que quatre des six pods prévus en 2010.

• Le report de la rénovation des Mirage 2000D au-delà de l'année 2013 a suscité des inquiétudes concernant le maintien de certaines capacités ELINT. En effet, le retrait du service du Mirage F1CR en 2014, capable d'emporter le pod ASTAC (Analyseur de Signaux TACtiques), ferait perdre à la DRM le bénéfice des données collectées par ce système. Un amendement a donc été adopté afin de procéder à la rénovation d'un nombre minimum de Mirage 2000D afin de maintenir cette fonction de reconnaissance électronique.

Les moyens satellitaires

• Le programme européen de satellites d'observation MUSIS se poursuit, avec notamment une amélioration des capacités infrarouges et de la résolution des capteurs optiques. Cette nouvelle génération de satellite permettra de remplacer les satellites Hélios II, dont l'activité prendra fin en 2015-2016.

• En matière d'interception des communications (COMINT), la constellation de satellites Essaim verra la fin de son exploitation en 2010, avec la désorbitation des quatre satellites expérimentaux. Fin 2010, quatre microsatellites Elisa seront placés en orbite basse, pour des missions de détection de signaux radars. Ces deux programmes forment le préalable au futur système CERES (Capacité de Renseignement Électromagnétique Spatial), système d'interception ELINT/COMINT dont la mise en service prévue pour 2016 pourrait être reportée jusqu'en 2020.

• Les deux microsatellites du programme d'alerte spatiale Spirale devraient poursuivre leur mission.

Le renseignement intérieur et l'intelligence économique

• Les crédits accordés à la DCRI (Direction Centrale du Renseignement Intérieur) pour l'année 2011 n'ont pas été détaillés et sont intégrés dans le budget global de la police nationale, qui connaitra une croissance d'environ 12%. En 2008, la DCRI était dotée d'un budget de fonctionnement d'environ 41 millions d'euros. La DCRI reçoit également des fonds spéciaux, qui s'élevaient en 2009 à 600 000 euros. Le service devrait bénéficier de l'effort de modernisation technologique entrepris dans le cadre de la LOPPSI.

• L'annexe au rapport sur le projet de loi de finances 2011 concernant la défense, souligne l'importance de l'intelligence économique, mais n'y consacre qu'un très court paragraphe, sans annoncer de mesure particulière concernant ce domaine.

31/10/2010

ZdI/AGS: Cyberguerre - EMP et armes éléctromagnétiques

Dans le cadre du thème du mois de l'AGS consacré à la cyberguerre, Zone d'Intérêt revient sur les EMP et les armes électromagnétiques.


La suite de l'article Cyberguerre: EMP et armes électromagnétiques est à lire sur le site d'Alliance Géostratégique.