Récemment, plusieurs médias européens ont eu accès à des documents classifiés fournis par Edward Snowden et ont pu confirmer la présence de stations d'interception clandestines américaines en Europe. Une de ces stations se trouverait à Paris.
Le SCS à Paris
Le Special Collection Service (SCS), dont l'existence est connue du public depuis les années 90, est un service opéré conjointement par la CIA et la NSA afin de mener des interceptions de signaux et recueillir clandestinement du renseignement en dehors des États-Unis. Le SCS met en œuvre des moyens d'interception COMINT et SIGINT, principalement depuis les ambassades américaines, mais ses agents peuvent aussi utiliser des capteurs dissimulés (piégeage audio et vidéo) lors de missions clandestines. Le SCS dispose également d'accords avec des services de renseignement alliés, tels que le GCHQ britannique ou le CSEC canadien.
80 sites du SCS dans le monde |
Un document classifié du SCS, révélé par Der Spiegel, donne une liste de 80 sites du SCS dans plusieurs capitales en Europe et dans le monde, dont un site à Paris. Le document indique que ce site abrite une équipe du SCS (staffed location) et donc qu'il ne s'agit pas d'une station d'interception automatisée, gérée à distance. Cette station parisienne du SCS pourrait appartenir à la catégorie STATEROOM, nom de code qui désigne les sites clandestins SIGINT dissimulés à l'intérieur de bâtiments diplomatiques, le plus souvent des ambassades américaines.
À Paris, l'ambassade des Etats-Unis, construite dans les années 30, se trouve avenue Gabriel, à l'angle Nord-Ouest de la place de la Concorde.
Ambassade des Etats-Unis, 2 avenue Gabriel, Paris |
Evolution du toit de l'ambassade américaine entre 2004 et 2012 |
Toit de l'ambassade vu depuis la place de la Concorde (2013) |
Dispositifs d'interception Einstein et Castanet du SCS |
Der Spiegel a également rendu public des documents donnant des indications sur les dispositifs d'interception mis en œuvre par le SCS dans les ambassades américaines. Ceux-ci indiquent que les stations du SCS sont en mesure d'intercepter les signaux dans les gammes de fréquences correspondant à la téléphonie mobile, aux transmissions HF et aux communications satellite. Ces capacités d'interception permettraient également au SCS d'assurer la géolocalisation des terminaux. D'autre part, le SCS pourrait également recourir à des IMSI catchers pour simuler de fausses antennes-relais et intercepter des communications.
Points d'intérêt autour de l'ambassade américaine à Paris |
Si les communications des ministères sont censées être bien sécurisées, ce n'est pas toujours le cas des communications des fonctionnaires et employés qui circulent à proximité, en profitant des nombreuses antennes relais du secteur.
Les récentes révélations sur les capacités du SCS en Europe sont un bon rappel de la nécessaire prudence à exercer envers les interceptions clandestines menées par de nombreux États depuis leurs ambassades.
À lire sur ce sujet :
Top Level Telecommunications, NSA's global interception network, 05/12/2013
Duncan Campbell, Embassy spy centre network
How the NSA targets Italy, L'Espresso, 05/12/2013
The NSA's secret spy hub in Berlin, Der Spiegel, 27/10/2013
Espionnage : des toits des ambassades aux chambres des hôtels de luxe, Le Figaro, 02/07/2013
merci pour cet article et votre travail sur de précédents articles de fond.
RépondreSupprimerCela me fait également penser que les États Unis ont un consulat à Marseille. Je me suis toujours demandé pourquoi. La proximité des attérages de fibres qui relient l'Europe avec l'Asie et l'Orient pourrait jouer.
RépondreSupprimerOui, enfin, je pense que beaucoup de pays ont des consulats à Marseille, comme dans pas mal de grosses villes de province, dans pas mal de pays. Ainsi la France a un consulat à Édimbourg, à Valence en Espagne... Leur mission est notamment administrative, je crois. Administrer et aider la communauté des compatriotes, je crois... Entre autres. Bref, pas seulement de l'espionnage.
SupprimerUn grand nombre de services de renseignements intercepte les signaux radioélectriques disposant de moyens d'interception COMINT et SIGINT. Ce n'est pas une nouveauté !!
RépondreSupprimerEn effet.
SupprimerQuestion : un permis de construire a-t-il été demandé pour ces travaux ? Il y a modification de l'aspect extérieur de l'immeuble, donc permis obligatoire. A moins que le statut d'ambassade d'un pays étranger autorise une dérogation...
RépondreSupprimerBonne question. Pour cet aménagement spécifique, je ne sais pas, mais l'ambassade avait obtenu en 2011 un permis de construire pour l'installation d'une annexe sur une parcelle attenante. On peut penser que l'ambassade a respecté la même procédure pour cet aménagement du toit.
SupprimerTrès bon article,
RépondreSupprimerRepris seulement aujourd'hui le 24/06/2015, par les médias.
Il paraît évident que les services Français étaient au courant, comment imaginer qu'ils n'aient pas enquêté sur un permis de travaux dans une ambassade à 350m, ou bien comment imaginer qu'ils n'aient pas aperçu la supercherie d'un simple trompe œil. Et malgré ça le projet de loi sur le renseignement(des Français) sera votée et adoptée par un gouvernement de gauche.... J'ai mal à ma France!
M'enfin parce que nous faisons de même dans bien des pays y compris aux EU ! Tout ceci est un jeu de miroirs aux alouettes en vue de jouer les trompe-l’œil afin de dissimuler des chausse-trappes et autres portes dérobées pour enfumer le citoyen...
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