La France s'apprête à ratifier l'accord signé à Lisbonne par sept pays européens et qui vise à une coopération en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants, grâce à un centre opérationnel de renseignement maritime.
Le sénat a récemment adopté le projet de loi autorisant la ratification de l'accord européen établissant un centre opérationnel d'analyse du renseignement pour les stupéfiants. Cet accord signé en septembre 2007 par l'Irlande, les Pays-Bas, l'Espagne, l'Italie, le Royaume-Uni, le Portugal et la France, a établi la création à Lisbonne d'un centre dédié à la mise en commun et à l'analyse du renseignement recueilli par les différents états signataires. Le renseignement centralisé à Lisbonne au sein du MAOC-N (Maritime Analysis and Operations Centre - Narcotics), est fourni par les forces de police, les marines, les douanes, les garde-côtes et les magistrats européens chargés de la lutte contre le trafic de stupéfiants.
Le MAOC-N de Lisbonne vise à lutter contre le trafic de cocaïne, exportée vers l'Europe par voie maritime selon un mode opératoire bien identifié. La cocaïne produite dans les pays andins est exportée depuis plusieurs ports d'Amérique du Sud, principalement ceux du Brésil, du Vénézuela et plus marginalement depuis Cuba. Un bateau-mère (mothership) quitte généralement son port d'attache sans emporter de cargaison illicite, avant de rejoindre un chalutier de pêche, à un point de rendez-vous GPS situé au large, où le mothership sera chargé de plusieurs tonnes de cocaïne. Le bateau-mère, un navire hauturier, traverse l'Atlantique jusqu'à l'approche des côtes africaines. Toujours en haute-mer, le mothership est rejoint par plusieurs petits bateaux de pêche, battant pavillon espagnol ou africain, généralement basés en Afrique de l'Ouest. La drogue est alors transbordée sur les petits bateaux, qui se chargeront de l'emporter eux-mêmes vers des points d'entrée portuaires (Espagne, Pays-Bas...) ou la remettront à des go-fast, avant que la cocaïne ne soit écoulée en Europe.
Les effectifs et moyens alloués au MAOC ne sont pas détaillées, mais sont budget annuel estimé à moins d'un million d'euros est relativement modeste. La coordination des forces favorisée par le centre a permis plusieurs prises de cargaisons de stupéfiants, avec des saisies de cocaïne estimées à 40 tonnes sur une période de 18 mois. Selon The Guardian, un deuxième centre MAOC-N pourrait être ouvert dans le sud de la France, afin d'assurer une centralisation du renseignement maritime pour la surveillance de la Méditerranée.
La coordination des opérations de renseignement répond à la volonté des pays européens d'intercepter les cargaisons de drogue avant qu'elles n'approchent les côtes européennes. Cette lutte contre les trafiquants s'étend au-delà des opérations anti-drogue, les réseaux capables d'exporter clandestinement des stupéfiants étant également susceptibles de transporter des armes ou d'assurer l'insertion de terroristes.
Source: Sénat, The Guardian
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