25/10/2010

Cloud computing à Langley

La CIA s'intéresse de près au cloud-computing afin de renforcer la collaboration entre analystes de la communauté du renseignement.

L'implémentation du cloud-computing à pour but de permettre à l'Agence d'analyser et de traiter plus efficacement de grandes quantités d'informations tout en maintenant les coûts d'exploitation à des niveaux raisonnables, en cohérence avec les mesures budgétaires prises par le congrès. Les services informatiques de Langley travaillent sur un prototype de cloud baptisé I2, développé en collaboration avec les autres agences de renseignement à la demande du DNI.


I2, dont la signification probable est "Information Infrastructure", est un projet porté par le DNI depuis au moins deux ans et visant un double objectif. Le premier est l'augmentation des capacités individuelles de traitement de l'information, par la mutualisation de moyens techniques appartenant aux diverses agences. Le deuxième objectif, moins officiel, est de forcer les agences à partager leurs informations et à collaborer dans leurs analyses. Incitées à s'investir dans le développement d'un cloud commun, en y allouant des ressources techniques et humaines conséquentes, les agences de renseignement trouveront moins d'intérêt à maintenir leurs anciennes infrastructures en parallèle. Les mesures de contrôle budgétaire et l'adoption par les analystes de nouvelles méthodes de travail plus collaboratives, pourraient également favoriser le succès de cette initiative.

Signe d'une certaine modernité, I2 intègre un certain nombre de widgets partagés entre les analystes des différentes agences. Ce système de widgets est basé sur une version modifiée de iGoogle, développée par la NSA sous le nom de Ozone. Conçu comme un melting-pot des meilleures pratiques en cours dans chacune des agences de la communauté du renseignement, I2 a reçu des améliorations provenant des applications collaboratives propres à la CIA, comme A-Space ou Intellipedia. Les analystes du renseignement peuvent ainsi partager des dossiers dynamiques, en regroupant par thème des documents texte et multimédia, sans avoir à se soucier du niveau d'accréditation de leurs collègues, le contenu du dossier s'adaptant automatiquement à celui-ci.

Cette mise en commun logicielle au niveau interagences a également des effets bénéfiques sur leurs applications internes, comme l'illustre l'exemple du programme d'analyse Trident de la CIA, qui se verra enrichi dans sa version "Next-Gen" des widgets développés par la NSA. Cet outil permet notamment de surveiller l'évolution des flux d'informations sur des thèmes précis, alertant en temps-réel l'analyste de nouveaux développements.

Dans une interview récente, Ira Hunt, le Chief Technology Officer (CTO) de Langley, s'est montré assez enthousiaste quant au développement d'un cloud interagences. Il a également désigné les innovations technologiques qui lui semblent prioritaires, à savoir la virtualisation des réseaux, le stockage des données et le développement d'algorithmes. Ces algorithmes sont particulièrement importants dans le traitement de l'information et la détection de signaux faibles dans de grandes quantités de données. Ces signaux faibles sont devenus une obsession pour les agences américaines qui se sont vues reprocher à plusieurs reprises de n'avoir pas su repérer certaines menaces, alors que les données étaient à leur disposition.

Le technicien en chef de la CIA a également émis un constat désormais bien établi, celui de la stagnation des technologies de reconnaissance vocale et de traduction automatisée. Il n'imagine pas d'évolution majeure dans ce domaine dans les cinq prochaines années.

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