11/09/2009

Américains et Britanniques en désaccord lors d'une opération antiterroriste

Andy HaymanAlors que huit terroristes présumés ont été récemment jugés par la justice britannique pour avoir planifié une attaque sur des vols longs courriers, un ancien haut-responsable du Metropolitan Police Service accuse les autorités américaines d'avoir risqué l'échec de son opération.

Andy Hayman, ancien chef de la section antiterroriste de Scotland Yard, était à la tête de l'opération qui a permis d'arrêter huit individus liés à une cellule terroriste, en août 2006. Il explique dans un billet publié par le Times, comment l'opération qui devait permettre de démanteler un réseau terroriste en Grande-Bretagne a été précipitée par une décision du gouvernement américain.

La section antiterroriste de la police de Londres surveillait, depuis le début de l'année 2006, un groupe de jeunes hommes musulmans qui fréquentaient une librairie radicale et dont l'un des membres avait connu un des poseurs de bombes des attentats de juillet 2005. Ce groupe fit rapidement l'objet d'une enquête nommée Operation Overt, au cours de laquelle des éléments vinrent rapidement renforcer les soupçons de la police.

Lorsqu'en juin 2006, un des membres du groupe, Abdulla Ahmed Ali, revint d'un séjour au Pakistan, les policiers entreprirent de fouiller discrètement ses bagages, découvrant du soda en poudre et des piles électriques, des éléments pouvant permettre de fabriquer des engins explosifs et de les dissimuler. Durant la même période, un autre homme, Assad Sarwar, se procurait divers outils et du péroxide d'hydrogène, un composé chimique employé dans la fabrication d'explosifs lors des attentats de 2005.

Peu de temps après, Ahmed Ali, alors sans emploi, fit l'acquisition à Londres d'un appartement d'une valeur de 138 000 livres, qui fut immédiatement surveillé par la police, à l'aide de micros et de caméras dissimulées. Les agents observèrent les membres du groupe remplir des bouteilles de sodas d'explosif liquide, en l'injectant par un petit orifice sous la bouteille avant de le sceller avec de la colle. Il les entendirent également réaliser des vidéos annonçant leurs martyrs.

L'opération faisait alors l'objet d'une coopération entre la police de Londres, le MI5 et le GCHQ, ainsi qu'avec les services américains, la police ayant déterminé que des intérêts américains étaient probablement ciblés. Le GCHQ, le service britannique chargé des interceptions de communications et appartenant au réseau Echelon, avait alors dédié une part significative de ses ressources humaines et matérielles à la surveillance des communications des suspects. Plusieurs appels téléphoniques et des emails en provenance du Pakistan furent interceptés, chaque message employant un code qui camouflait des instructions et des ordres sous la forme de discussions anodines.

À la fin du mois de juillet, tous les services chargés de l'opération s'accordaient pour considérer la situation sous contrôle. La cellule de terroristes présumés étant surveillée en permanence, il fut décidé de poursuivre l'enquête le plus longtemps possible afin de recueillir un maximum de preuves et de renseignement sur le réseau. Afin de rassurer les Américains sur leur sécurité, le Premier ministre Tony Blair informait régulièrement et directement le président George Bush des développements de l'opération.

Le 9 août, un évènement vint pourtant précipiter le déroulement de l'opération britannique, les autorités pakistanaises décidant d'arrêter Rashi Rauf, un homme considéré par les britanniques comme lié à l'organisation qui dirigeait la cellule de Londres. Craignant que les individus qu'elle surveillait n'apprennent l'arrestation et passent à l'action, la section antiterroriste n'eut d'autre choix que d'interpeller les suspects.

Le 10 août à 23H00, la police procéda à une série d'arrestations coordonnées à Londres. Trois heures plus tard, les autorités britanniques déclenchèrent une alerte contre une attaque terroriste imminente et des mesures de sécurité spéciales furent mises en place dans tous les aéroports du Royaume-Uni.

Pour Andy Hayman, le chef de la section antiterroriste, le gouvernement américain, peu confiant dans l'opération britannique, aurait demandé aux autorités pakistanaises de procéder à l'interpellation de Rauf, afin de forcer les britanniques à mener ces arrestations. Il considère que cette précipitation aurait pu empêcher le recueil de certaines preuves et le bon déroulement de la procédure judiciaire.

L'enquête qui a suivi a permis de déterminer que la cellule préparait un attentat contre au moins sept vols transatlantiques à destination des USA et du Canada. Les terroristes auraient eu l'intention d'embarquer sur ces vols en transportant des explosifs liquides dissimulés dans des bouteilles de sodas, les détonateurs étant cachés dans des piles électriques et des téléphones portables. Ils auraient assemblé puis mis à feu leurs engins explosifs en cours de vol, entraînant probablement la mort de centaines de passagers.

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