De récents rapports de presse ont permis de révéler la place centrale qu'occupent désormais les PSC dans la logistique et la mise en œuvre des opérations paramilitaires de la CIA.
Depuis 2001, la CIA aurait fait appel à plusieurs reprises à des sociétés de sécurité privée, notamment Blackwater Worldwide, pour mener des missions secrètes d'entraînement et d'appui logistique, dans le cadre de ses activités de renseignement et de ses opérations paramilitaires. Selon les informations divulguées par la presse anglo-saxonne, Blackwater fournirait ses services à la CIA depuis au moins 6 ans.
Des 2003, l'entreprise fondée par Erik Prince, ex-Navy SEAL, aurait participé au programme de special renditions de la CIA, qui consistait à transférer par avion des individus que l'agence suspectait d'être lié au terrorisme, vers des prisons secrètes hors des USA. Selon Der Spiegel, Prince aurait fourni plusieurs avions et leurs équipages à la CIA, par l'intermédiaire des compagnies aériennes qu'il possédait, à savoir Presidential Airways, Aviation Worldwide et Satelles Solutions.
En 2004, Langley aurait embauché Blackwater pour entraîner ses opérateurs, dans le cadre de son programme d'assassinats ciblés, qui visait à éliminer de hauts membres d'al-Qaïda et d'autres groupes terroristes. Ce programme interrompu par le président Obama et son D/CIA Leon Panetta, n'aurait donné lieu à aucune opération d'élimination, selon les déclarations du gouvernement américain.
Plus récemment, c'est encore Blackwater, renommé Xe, qui appuierait les opérations de bombardements par drones opérées par la CIA contre les insurgés, depuis l'Afghanistan et le Pakistan. Les employés de Xe, désormais co-dirigée par Cofer Black, ancien directeur de l'antiterrorisme à Langley, auraient pour mission de charger les bombes qu'emportent les drones et d'effectuer d'autres tâches de maintenance.
Le recours par la CIA à des sociétés privées a connu un renouveau, très peu de temps après le 11 septembre, alors que l'agence devait mener des opérations en Afghanistan. Les espions américains devaient être en capacité de se déplacer librement et discrètement à travers le pays, afin de mener leur collecte de renseignement et leurs négociations avec des seigneurs de guerre proches de l'Alliance du Nord. À cette fin, la CIA avait besoin d'acquérir une petite flotte d'hélicoptères "couleur locale" et a donc entrepris de se procurer des appareils russes de type Mi-17, dont elle ne disposait alors qu'en un seul exemplaire.
La CIA a alors chargé un officier de l'US Army, spécialiste des appareils russes, de se procurer les hélicoptères dont elle avait besoin. Cet officier, Jeffrey Staton, décida d'employer une société privée pour acheter ces appareils en Russie, avant de les faire modifier aux standards de l'Agence par des spécialistes de l'armée et du secteur privé. C'est la compagnie Maverick Aviation qui fut sélectionnée pour cette tâche et après une expédition épique qui vit plusieurs personnels de l'US Army, des opérateurs de l'agence et des contractors acheter des Mi-17 en Sibérie sous la surveillance des services secrets russes, une facture de 5 millions de dollars fut finalement payée par la CIA pour l'achat de deux appareils, depuis la caisse enregistreuse d'un bar d'El Paso. Sans surprise, le déroulement de cette opération fait l'objet d'une enquête de la justice américaine.
Au-delà de modes opératoires douteux, les PSC employées par la CIA et en particulier Blackwater, font l'objet d'accusations graves qui soulèvent l'attention du public et des pouvoirs publics. L'entreprise d'Erik Prince fait déjà l'objet d'une enquête du FBI concernant une fusillade meurtrière ayant eu lieu en Irak au cours de l'année 2007, mais plus récemment, c'est le PDG de Blackwater lui-même qui a été mis en cause par d'anciens employés qui l'accusent de meurtre. D'autres plaintes ont éclaté au sein de la firme, notamment celle d'un employé rapportant des faits de harcèlement et des comportements violents entre contractors à bord du McArthur, le navire anti-piraterie de Blackwater.
Bien qu'elle recourt a des sociétés de sécurité privées, la CIA n'est pas pour autant dépourvue de "service action". À Langley, cette unité est baptisée le Special Operations Group et recrute ses opérateurs au sein des forces armées américaines, principalement dans les unités de forces spéciales du SOCOM. Néanmoins, le SOG était en reconstruction depuis 2001, après les réductions successives que l'unité a subi dans les années 90. Ce groupe d'intervention, dont la plupart des caractéristiques demeurent classifiées, ne disposerait que d'effectifs et d'une logistique réduits, forçant la CIA a recourir aux moyens du SOCOM lors de ses opérations d'envergure. Sous l'administration Bush, le Pentagone avait tenté de rediriger les opérations spéciales de la CIA vers le SOCOM et d'accroître le rôle des forces spéciales dans les missions de renseignement.
Lorsque les moyens du Pentagone ne pouvaient être déployés pour des raisons de discrétion ou de diplomatie, qu'il s'agisse de former des assassins ou de déployer des drones-bombardiers dans un pays qui ne souhaitait pas ébruiter cette collaboration, la CIA a choisi de faire appel aux contractors, dont Michael Hayden, ancien directeur de la CIA, saluait récemment "le savoir-faire et la discrétion".
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