14/10/2009

Retour sur l'échec d'une mission clandestine de la DGSE

Les médias français et espagnols révèlent les détails d'une mission menée par une équipe du service action voici sept ans, en Espagne.

Le journal Libération a diffusé des extraits de notes du général Philippe Rondot, qui faisaient mentions d'une mission du service action de la DGSE près de Barcelone, en 2002. Cette mission était, selon une note du général, un exercice Alpha, visant à tester un agent de la DGSE. Le code "Alpha" désigne les équipes du service action chargées d'assassinats ciblés, contre des individus représentant une menace pour la sureté nationale.

Cette mission qualifiée d'exercice par le général Rondot, intervient après que, fin 2001, la CIA ait informé les services français de son programme d'éliminations ciblées visant les les membres d'al-Qaïda et leurs appuis. Le général Rondot fait d'ailleurs état d'opérations secrètes menées dans ce cadre en Afghanistan par la France et les USA.

L'agent qui devait être testé est présenté par la presse espagnole sous le nom de Rachid Chaouati et par la presse française sous l'alias de Richard Pérez. L'homme aurait déjà effectué plusieurs missions en Europe pour son officier traitant, connu sous le pseudonyme de Christian Piazzole. Chaouati aurait notamment été chargé de prendre des photographies dans le restaurant d'un grand hôtel d'Amsterdam et de dissimuler une caméra dans un bâtiment sur une île au large de Naples.

L'exercice Alpha d'avril 2002 aurait donc eu pour but de tester un agent de la DGSE dans une "mission logistique" avec armes de guerre, en Espagne, sous la direction d'un officier traitant du service action. Chaouati, alias Pérez, avait pour mission de transporter un équipement complet pouvant servir à une élimination, d'une cache située près de Tarragone à une autre cache se trouvant à 100km, près de Barcelone. Il devait pour se faire employer une carte Michelin et un GPS contenant des points prédéfinis marquant la position des caches, mais l'homme n'aurait pas réussi à localiser l'équipement et aurait été appréhendé par la police espagnole, échouant à sa mission.

Les circonstances exactes de l'arrestation de Chaouati et Piazzole ne sont pas détaillées, mais selon la presse espagnole, Rachid Chaouati aurait collaboré avec la justice, accompagnant les enquêteurs aux différentes caches où un arsenal complet fut découvert. À l'intérieur d'un tube de PVC, la police espagnole a retrouvé un fusil de précision de conception artisanale, doté d'une lunette de visée et d'un trépied, ainsi qu'une arme de poing calibre .22, équipée d'un silencieux et d'un pointeur laser.


Le fusil de précision, chambré en 7.62mm, n'a pas été identifié par les enquêteurs et semble équipé d'un canon à silencieux intégral. Les policiers ont également découvert un appareil photo jetable Kodak, dissimulant une balise radio très sophistiquée qui devait servir à localiser la cache, une fois l'équipement enterré.

Après six mois d'incarcération des deux agents en Espagne, le général Rondot aurait été prié d'aller plaider leur cause à Barcelone, afin d'obtenir leur libération. Le ministère de la Justice du gouvernement Aznar aurait également fait pression auprès du procureur dans le sens d'une libération. Pour la presse française, Rondot aurait eu une entrevue avec le procureur général Mena Alvarez, se présentant comme général de l'armée française, affirmant que les deux agents procédaient à un exercice et demandant leur libération.

La presse espagnole rapporte pour sa part la visite au juge Mena d'un commissaire de police français, Bernard Chardonye, venu demander la libération de Piazzole. Le juge Mena aurait par la suite cherché à retrouver la trace du commissaire, sans succès.

Fin 2002, les deux agents français furent placés en liberté conditionnelle, dans l'attente de leur procès, prévu pour le 4 mars 2004. Ni les deux prévenus, ni le général Rondot, ni le commissaire français n'assistèrent au procès, au cours duquel le procureur demanda une peine de sept ans de prison. Un mandat d'arrêt international, toujours en vigueur, aurait été lancé par la justice espagnole pour retrouver les deux hommes.

Sources: Libération, Voz de Asturias,

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